Projet Lima 2009, à Villa El Salvador

Notre travail au CEPIF (Centro Psicopédagogico Integral Familiar)

  • Les objectifs du CEPIF et nous


Le CEPIF propose de la stimulation sensori-motrice, une prise en charge des problèmes d’apprentissage, des conseils conjugaux, des ateliers d’arts pour développer la créativité, des bilans psychologiques et des consultations avec un psychologue ainsi qu’une garderie.

L’équipe est composée : 2 psychologues (présentes 2 jours par semaine), 7 professeurs des écoles, 1 aide éducatrice.

 

Depuis 2001 a été réalisé dans les écoles des alentours un programme pour la récupération des enfants en difficulté et pour former les professeurs, enseignants et rééducateurs à cette problématique et à des bases de psychomotricité. Aujourd’hui en partenariat avec l’association Amigos de Villa le projet « Lutte contre la désertion scolaire » se concentre sur les enfants ayant des problèmes d’attention et d’apprentissage.

 

Nous avons été intégrées à ce projet en travaillant

-3 matinées par semaine au CEPIF avec les enfants handicapés mentaux du centre.

-2 matinées par semaine au collège de « Rosa America » de Villa El Salvador avec une classe de primaire (enfants entre 8 et 10ans).

-les mercredis après midi en partageant nos connaissances psychomotrices avec les professeurs du CEPIF grâce à des ateliers.

-pour le « stage vivant de psychomotricité » donné à 80 professeurs des écoles de Villa.

  • Travail avec les enfants du centre psychopédagogique

Cette année il y avait très peu d’enfants au centre psychopédagogique.

Ainsi nous avons pu nous occuper de manière très personnalisée des enfants présents. Ils étaient autistes, trisomiques 21, ou avaient des troubles du comportement et de l’attention. Nous avons principalement utilisé les médiateurs comme le jeu, les parcours moteurs, et la peinture pour mener à bien notre travail auprès des enfants.


  • La psychomotricité avec les enfants du collège « Rosa America » de Villa

Dans 7 écoles primaires de Villa El Salvador, plus de 500 élèves ont été dépistés comme ayant des difficultés d’apprentissage et /ou troubles du comportement. Ils ont ainsi été regroupés par classe et par niveau pour bénéficier de cours dispensés par un professeur du CEPIF sensibilisé à la psychomotricité.

C’est dans ce cadre que nous avons été accueillies et inclues au projet à l’école primaire ROSA AMERICA. Nous étions donc présentes pendant 6 semaines et deux fois par semaines dans une classe de 30 élèves, correspondant au CE1 CE2-CM1.

 

Chaque enfant de cette classe détenait une problématique individuelle plus ou moins intense. On y retrouve cependant pour une majorité, des difficultés à entrer dans les apprentissages (lecture, écriture, calcul, logique…) Néanmoins, ces difficultés sont souvent couplées de troubles attentionnels, troubles du comportement, troubles psychoaffectifs. Par ailleurs il nous a semblé que le contexte familial culturel et environnemental accentue certaines de ces difficultés.

De plus la discipline et le respect des règles a été un des obstacles majeurs rencontrés. Pour cela il nous a semblé judicieux de scindé le groupe et d’effectuer avec chacun des groupes deux séances de prise en charge de 1h15mn deux fois par semaine dans une salle de classe mise à notre disposition. L’enseignant de la classe faisait partie intégrante d’un groupe. Il était donc possible d’avoir un retour et une position extérieure sur notre projet, et surtout une continuité de nos travaux après notre départ.

 

Nous désirions travailler le schéma corporel et la perception que les petits péruviens avaient de leur corps, l’image corporelle, mais aussi la façon d’appréhender le corps de l’autre. Nous avons alors abordé la relation à l’autre, le contact et le respect de l’autre en tant qu’individu différencié de soi.

Une grande partie du travail s’est déroulée sur l’espace, le temps et le rythme d’une part et la régulation tonique d’autre part. Nous avons cherché par ces différents thèmes à leur offrir un espace d’expression et de créativité où ils pouvaient laisser libre cours à leur imagination, tout en les encourageant pour les aider à retrouver confiance en eux même.

 

Le déroulement des séances : chaque séance débutait par un jeu de présentation afin d’inclure chaque individu dans la séance, tel un rituel d’entrée. A cela suivait un petit échauffement complet, revisitant chaque partie du corps pour une mise en disposition physique et psychique.

Ensuite, il était proposé aux enfants de se déplacer dans une zone délimitée où les consignes variaient en fonction du thème du jour. Au sein de la séance un moment était dédié à un temps de relaxation, ou temps calme. Puis, nous mettions en place des propositions plus créatives, d’expressivité ou des activités en groupe, pour que le travail ne soit plus centré que sur le ressenti personnel.

La fin de la séance se marquait par un échange verbal sur le vécu de chacun tout au long de la sénace , en lien ou non , avec les séances précédentes. Cette verbalisation crée une prise de distance car elle permet de passer de l’émotion brute, parfois incomprise, à l’élaboration psychique. Le sujet redevient acteur de ce qu’il a traversé.

Avec beaucoup de patience et de remise en question l’expérience tout comme l’évolution des enfants s’est révélée positive. L’attention, l’écoute de l’autre et le respect du cadre se sont améliorés. Et nous avons pu observer chez certains élèves de beaux changements, une plus grande aisance dans leur corps par exemple.

 

  • Formations et échanges avec les professionnels

L’équipe du CEPIF nous a sollicitées sur notre volonté de partager nos connaissances en psychomotricité. Ne nous sentant pas prêtes pour donner des cours théoriques nous avons proposé des ateliers pratiques.

 

Les ateliers psychomoteurs donnés aux professeurs du CEPIF et des collèges.

Chaque mercredi après midi nous avons élaboré des explorations en mouvement des notions telles que : le temps, l’espace, le schéma corporel, le geste et le mouvement, et le tonus en lien avec les émotions. L’intérêt étant ici de donner des clés pour que l’équipe enrichisse sa vision de la psychomotricité (et des apprentissages), et qu’ils puissent décliner en exercices ludiques (passant par le corps en mouvement) ce que nous leur avons fait travailler.



Ces ateliers se sont bien déroulés, même si l’implication corporelle n’est pas évidente pour tous. En effet, nous sortons bien du rôle éducatif scolaire qu’ils ont l’habitude d’aborder. Le corps est ici visé comme moyen d’entrée dans les apprentissages, et l’exploration empirique de l’espace et du temps dans des exercices qui donnent l’opportunité aux enfants de « penser leurs mouvements, leurs actes ». Habiter son corps est une activité cognitive complexe qui est source d’apprentissage.

Nous avons alors traversé des exercices d’expressivité du corps, de jeu dramatique, de danse, de conscience corporelle…. Avec pour seul matériel le corps, et l’imaginaire de l’enfant comme source du travail.

 

Les 25 et 26 juin, stage avec les professeurs des collèges de Villa El Salvador (80 participants).

Cette formation que le CEPIF nous a demandée de faire est en lien direct avec les TD donnés à l’équipe de 7 professeurs (cf. paragraphe précédent).

Nous avons animé ces « conférences en mouvement » en divisant les 80 inscrits en 3 groupes. Les professeurs du CEPIF et les psychologues se chargeant d’animer par de la théorie, 2 autres groupes sur d’autres thèmes (psychologie de l’enfant, informatique…) .

Nous avons exploré les mêmes notions psychomotrices travaillées de façon hebdomadaires (voir paragraphe précédent) : le temps, l’espace, le schéma corporel, le geste et le mouvement, et le tonus en lien avec les émotions.



La difficulté fut pour nous la gestion des contraintes matérielles pour que chacun puisse expérimenter dans des conditions optimales le travail. Et ceci malgré le manque de place, le bruit, la fatigue (les professeurs venant le soir pour 3 heures, après leur journée de travail)… et surtout le peu de temps (¾ d’heure par groupe et par soir) disponible pour aborder tant de notions et questions ! !

Il fallait donc être les plus ludiques possibles !

La participation et particulièrement l’échange fut pour nous très positive. Etre au contact de professionnels confrontés quotidiennement à des classes surchargées, des élèves fatigués, vivant parfois dans des conditions précaires nous a permis d’échanger sur des questions de fond très importantes et enrichissantes pour tous… Il n’y a d’ailleurs que très rarement (et heureusement) des réponses définitives.

Enfin, nous pensons que ces 2 courts ateliers ont pu ouvrir quelques portes à ces enseignants qui sont parfois à bout de souffle et qui se sentent souvent impuissants devant les difficultés de certains élèves.

 

 


L’école de la DIVINA MISERICORDIA, « Centro de educacion Basica Especial »

Nous sommes 3 étudiantes de première année de psychomotricité à être intervenues pendant 6 semaines au sein du Centro de Educacion Basica Especial « Divina Misericordia », à Villa El Salvador, district de Lima, au Pérou.

C'est un centre éducatif qui accueille 140 enfants et adolescents, de 3 à 20 ans, souffrant de pathologies lourdes, telles que l’autisme et la psychose, le syndrome de Down, différentes déficiences sensorielle ou le polyhandicap.

Les enfants sont répartis en différentes classes, en fonction de leur âge. Dans chaque classe, il y a une institutrice et une auxiliaire. D'autres professionnels interviennent au sein du centre : deux psychologues, une thérapeute physique (qui prenait en charge la rééducation fonctionnelle de certains enfants), et une thérapeute du langage.

 

Nous avons choisi de travailler avec les enfants de 3 à 8 ans répartis sur 3 classes (3-4, 5-6, et 7-8 ans), en référence à nos connaissances, pour des raisons d'organisation, et afin de remplir au mieux les objectifs de l'association.

Nous avons consacré la première semaine de notre intervention à l'observation du fonctionnement du centre et du déroulement de la journée des enfants, mais aussi des enfants eux-mêmes, avec leurs pathologies, leurs capacités et leurs difficultés, leurs modalités relationnelles avec l'adulte et entre enfants.

Les enfants de 3 à 8 ans n'allaient au centre que les matinées. Après un temps de jeu libre en attendant que tous les enfants arrivent, la maîtresse leur fait la leçon. Le programme des leçons suit le programme officiel du Pérou, mais les maîtresses l'adaptent au mieux aux enfants, tous très différents. Ensuite, les enfants prennent une collation, et ont un temps de jeu libre jusqu'à midi, heure où leurs parents viennent les chercher. Certains jours, la maîtresse et l'auxiliaire emmènent les enfants se balader à l'extérieur, soit au sein du centre, soit au marché situé juste à côté.

Après cette semaine d'observation, nous avons décidé de diviser notre projet en deux temps.

 

Nous avons d'abord monté des ateliers avec des petits groupes de 2 ou 3 enfants pendant 45 minutes, et donc des dynamiques différentes adaptées à chacun. La directrice a mis à notre disposition une salle, assez peu adaptée mais que nous avons tenté d'aménager afin de créer un espace contenant et propice à l'exploration psychomotrice. Nous avons mis en place des activités d'éveil sensori-moteur, de motricité globale, de motricité fine, et avons travaillé sur les notions d'espace, de temps, de schéma corporel et d'image du corps.

 

Dans un deuxième temps, nous avons décidé de travailler en collaboration avec les équipes. Nous sommes intervenues une semaine dans chaque classe, et avons monté un projet détaillé pour chaque semaine. Nous avons déterminé les objectifs de chaque projet avec les maîtresses (deux projets sur l'espace et les notions de dedans/dehors et le troisième sur le schéma corporel).

Nous restions la matinée dans la classe pour aider la maîtresse et l'auxiliaire, puis nous faisions notre atelier, auquel la maîtresse et l'auxiliaire participaient. Chaque atelier était rythmé par un rituel de début et un rituel de fin. Nous avons alterné activités statiques, pour développer la motricité fine (peinture, gommettes, travail sur la préhension,...), et activités dynamiques pour la motricité globale, l’équilibre et les coordinations (parcours, modes de déplacements, imitation,...).

Après chaque atelier, nous faisions un point avec la maîtresse et l'auxiliaire, afin d'échanger sur ce qui s'était passé.

Nous avons essayé de mettre l'accent sur l'importance du plaisir de l'enfant dans le jeu, le mouvement, et l'expérimentation, et sur le fait que le résultat final de l'activité produit par l'enfant est moins important que les découvertes qu'il aura pu faire au travers de cette activité. Pour chaque activité que nous proposions, ainsi qu'à propos du déroulement même de ces séances, nous discutions avec la maîtresse et l'auxiliaire des objectifs, et de ce qui s’y jouait. Nous leur avons laissé une trace écrite de chaque séance, afin qu'elles puissent revenir sur ce qui avait été proposé aux enfants et pourquoi cela avait été proposé à tout moment, même après notre départ.

 

De plus, nous avons eu la chance d'assister à plusieurs séances de la « thérapeute physique ». Elle menait des séances individuelles, avec certains des enfants du centre, ayant des handicaps physiques importants. Elle dispose d’une salle construite avec l'aide des parents des enfants du centre. Nous avons pu observer les techniques qu'elle met en place dans la rééducation fonctionnelle des enfants, ainsi que l'aspect relationnel de ses prises en charge.

CONCLUSION : notre souhait est de poursuivre ce projet l'année prochaine, afin de continuer le travail avec ces maîtresses, et éventuellement de commencer un travail avec les plus grands.

Écrire commentaire

Commentaires: 0